En conviant le monde mutualiste à la présentation de ses vœux, Serge Brichet ne pouvait pas se douter que cette rencontre se trouverait en pleine actualité marquée par le projet de résiliation des contrats complémentaires. « Une nouvelle attaque contre les vraies mutuelles » commentait le président de la Mutualité Fonction Publique devant un parterre de responsables mutualistes. Dans ce parterre, Dominique Joseph, secrétaire générale de la FNMF, évoquait le risque pour la solidarité d’une telle mesure qui, à ses yeux, détruit toute idée de mutualisation.
Et la MFP ? L’année dernière, Serge Brichet était prudent, certains percevaient même un relatif pessimisme, quant au devenir et au rôle de l’Union. La tonalité est plus souriante cette année. Les décisions de la dernière assemblée générale entrent en application et la MFP s’ouvre à d’autres acteurs. « Nous passons du jardin de la mutualité au jardin du non-lucratif » (voir Fil-Social n°26918) dira le Président accueillant chaleureusement André Renaudin, nouveau membre de la MFP au titre du pôle public d’AG2R La Mondiale (voir Fil-Social n°27279).
Serge Brichet ne pouvait pas écarter de son propos « la crise sociale qui traverse le pays ». Pour le mutualiste, le mouvement des ronds-points porte des demandes complexes à résoudre. « Faire plus avec moins » dit-il en substance. Mais le mouvement illustre les fractures, les blessures, les fragilités du quotidien.
Au centre des attentions de la MFP, et de son Observatoire, les fragilités de « ces femmes et hommes irremplaçables que sont les agents des services publics ». « Ils sont les premiers à supporter les dégradations du niveau de service public, et les premiers à faire face aux publics mécontents » indique Serge Brichet. En témoigne le premier ouvrage publié par la MFP, qui a pour vocation de mettre en lumière les fragilités sociales des agents publics dans les trois versants de la Fonction publique, au travers l’analyse et la vision d’experts reconnus sur le sujet.
« Si les agents publics sont fragiles, c’est d’abord parce que les services publics sont fragilisés, et aussi parce que les structures qui les concernent, comme leurs mutuelles, sont fragilisées » estime-t-il.
Pour 2019, le projet politique de la MFP s’articule autour des différentes réformes annoncées par le Gouvernement et notamment celles impactant les droits sociaux des agents publics : réforme de la Fonction Publique, projet de loi Santé au travail, grand âge et autonomie, réforme du système de santé. Il comporte une partie analytique portée par l’Observatoire. Et un travail d’influence, notamment auprès des élus au cours de chaque discussion parlementaire.
Au plan pratique, un vaste chantier est sur la table de travail avec la nécessaire évolution du protocole dentaire MFP/CNSD. Un protocole historique qui est « totalement percuté » par le 100 % Santé qui restreindra, de facto, le panier de soins négocié à partir du mois d’avril. De multiples pistes sont ouvertes pour poursuivre la dynamique des relations avec la CNSD.
Christophe Vanackère