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Sixtine de Villeblanche

 

45 % des agents pensent que les enjeux de santé au travail sont mal pris en compte par leur employeur (MFP)

 

« Plus que jamais, la santé des agents influe sur le service public, alors que 45 % d’entre eux estiment toujours que les enjeux de bien-être et de santé au travail sont mal pris en compte par leur employeur », indique la Mutualité Fonction publique le 20 octobre 2022, à l’occasion de la publication de la troisième édition de l’enquête Santé de son Observatoire des fragilités sociales, réalisée avec l’Institut Harris Interactive. En outre, la réforme de la protection sociale complémentaire est « assez méconnue par les agents publics », alors que leurs attentes en la matière restent fortes.

Après quatre années d’études et de suivi de la santé des agents publics au travers notamment de trois enquêtes statistiques, la MFP constate que « si, objectivement, des points d’amélioration existent (fréquence des visites médicales, relations avec la hiérarchie et niveaux de rémunération), force est de constater que des tendances structurelles plus négatives s’installent ».

Les résultats de la troisième édition de l’enquête Santé de son Observatoire des fragilités sociales, publiés jeudi 20 octobre (1), montrent en effet que « plus que jamais, la santé des agents influe sur le service public alors que 45 % d’entre eux estiment toujours que les enjeux de bien-être et de santé au travail sont mal pris en compte par leur employeur » (53 % disent qu’ils sont bien pris en compte). Conséquence : 52 % des agents considèrent que le travail aura à l’avenir encore davantage d’impact sur leur santé et près de 40 % s’interrogent sur leur envie de continuer à exercer, les personnels hospitaliers et les agents de catégorie A notamment.

70 % DES AGENTS SE SENTENT STRESSÉS

Dans le détail, sur le plan physique, les agents interrogés affirment à 70 % rester longtemps debout. En outre, 49 % travaillent la nuit et/ou le week-end, 64 % subissent des rythmes contraignants et 50 % risquent d’être blessés ou accidentés. Sur le plan psychique, 82 % des agents se déclarent fatigués, 61 % subissent des incivilités, 39 % des agressions et 70 % se sentent stressés. Sur le plan éthique, si huit agents sur dix ont un regard positif sur leur activité professionnelle, 30 % estiment que leur travail a une influence négative sur leur santé. La MFP relève que le stress, la fatigue, la pénibilité et l’exposition aux produits nocifs sont « plus marqués, donc plus préoccupants » dans la FPH.

La MFP observe par ailleurs « une faible identification des initiatives en matière de santé au travail ». Ainsi, seulement 47 % des agents connaissent le plan santé au travail. Par ailleurs, 47 % des agents ne sont toujours pas satisfaits de la fréquence des visites médicales au travail. Les agents sont en attente d’une meilleure prise en compte de leurs besoins : 90 % estiment que le burn-out doit être reconnu comme une maladie professionnelle (en hausse de trois points par rapport à 2021) et 59 % que le bore-out doit l’être également (+6 points).

La réforme de la PSC, qui pourrait être un levier pour améliorer l’état de santé des agents publics, est « assez méconnue », un agent sur deux ne sachant pas de quoi il s’agit. Pourtant, 65 % d’entre eux (67 % des agents territoriaux) demandent une meilleure couverture en invalidité et 67 % en incapacité (68 % chez les agents hospitaliers, 69 % chez les agents de catégorie C). Au total, 89 % des agents souhaitent une meilleure prise en charge de la prévention santé par leur employeur, 82 % une meilleure prise en charge de l’accompagnement social et 58 % des agents sont prêts à contribuer à un dispositif de solidarité pour aider les retraités à financer leur complémentaire santé.

TROIS MOIS D’AUDIENCE AVEC DES DÉPUTÉS

Dans son communiqué, la MFP considère qu' »une mise en œuvre plus proactive du Plan santé au travail et une optimisation de la réforme de la protection sociale complémentaire en cours sont des leviers incontournables pour prendre en compte ces situations de fragilité ». Sur ce dernier point, « malgré les avancées obtenues, des insuffisances demeurent notamment sur la prise en charge globale des risques santé-prévoyance-dépendance et prévention-accompagnement social ».

Elle indique qu’elle débute un cycle de trois mois d’audiences bilatérales avec chacun des groupes politiques à l’Assemblée nationale, afin de « sensibiliser les représentants de la Nation sur ces problématiques spécifiques et leur donner l’écho politique nécessaire ». Une première rencontre s’est tenue le 18 octobre 2022 avec le groupe de la majorité, Renaissance. Elle a permis de « poser les sujets et d’alerter notamment sur les risques de régression des droits en matière de couverture complémentaire prévoyance ».

(1) Enquête réalisée en ligne du 17 mai au 1er juin 2022. Échantillon de 1 502 personnes, représentatif des agents de la fonction publique âgés de 18 à 65 ans. Méthode des quotas : sexe, âge, versant de la fonction publique (État, territoriale, hospitalière), catégorie (A, B, C) et région de l’interviewé(e).