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Grégoire Faney

La FNMF et la MFP pointent l’enkystement de certaines fragilités au sein de la fonction publique

Les présidents de la FNMF et de la MFP, Eric Chenut et Serge Brichet, ont profité de la présentation d’un nouveau mooc, ce 6 décembre 2022, pour dresser un bilan des différentes enquêtes menées depuis 2018 par l’observatoire MFP sur les fragilités des fonctionnaires. En ressort le constat d’un ancrage dans le temps de certaines  »fragilités », qui nécessitent un accompagnement renforcé des agents publics. La MFP et la FNMF pointent notamment les inégalités d’accès à la médecine du travail.

En publiant ce mardi 6 décembre un nouveau Mooc récapitulant les derniers enseignements de l’observatoire des fragilités sociales de la fonction publique, la Mutualité fonction publique a aussi dressé le bilan de cette entreprise d’auscultation de l’état de santé et de bien-être des fonctionnaires, lancée par la fédération mutualiste il y a près de cinq ans. Avec ces années de recul et la publication de trois baromètres détaillés en 2018, 2021 et 2022, le président de la MFP, Serge Brichet établit donc un constat riche de multiples enseignements et arrive à la conclusion suivante : en l’espace de cinq ans, nombre de fragilités identifiées chez les fonctionnaires se sont enkystées et peuvent désormais être considérées comme relevant d’un problème structurel.

UN IMPACT SUR L’ATTRACTIVITÉ
Dès 2018 et les premiers résultats de l’observatoire des fragilités, la MFP avait par exemple alerté sur les risques liés à la santé mentale des fonctionnaires, un enjeu encore décuplé dans les années suivantes et qui tient une place importante dans le dernier baromètre 2022. Cette dégradation de la résistance mentale est aussi nourrie par ce que Serge Brichet désigne comme une  »souffrance éthique », c’est-à-dire le sentiment de ne pouvoir accomplir sa mission dans de bonnes conditions. Cumulé avec d’autres formes d’insatisfactions (manque de reconnaissance, etc.), ces différents éléments nourrissent le problème d’attractivité de la fonction publique mais contribuent aussi à l’usure (physique et mental) des agents. Dans le même temps, si, au fil des enquêtes d’opinion, les fonctionnaires ont globalement le sentiment que leur santé est mieux prise en compte depuis 2018, d’autres indicateurs sur l’accompagnement des agents montrent une situation qui ne s’améliore guère : dans le premier baromètre 2018, près de 50 % des fonctionnaires déclaraient par exemple être insatisfaits de l’accès à la médecine du travail, un score pratiquement similaire à celui de l’enquête 2022 (47 %).

Pour le président de la Mutualité française, Eric Chenut, le travail d’expertise accompli par la MFP  »conforte » ainsi des analyses observées dans d’autres sphères professionnelles.  »On constate d’abord un enjeu de bien-être au travail, mais plus loin encore,  »d’être bien » au travail. Il faut travailler là-dessus, c’est essentiel si on veut éviter la ‘Grande démission’ que certains annoncent », met en garde Eric Chenut, qui fait de la santé au travail des fonctionnaires l’une des priorités du mouvement mutualiste. S’appuyant sur les constats tirés des enquêtes de la MFP, Eric Chenut souligne ainsi qu’il  »faut un accès aux services de santé au travail qui soit beaucoup plus systématique. Les inégalités d’accès en la matière sont extrêmement importantes ». Autant de chantiers et de plaidoyers encore à venir qui seront désormais menés de plus en plus au niveau de la Mutualité française puisque, depuis l’été dernier, la MFP a amorcé son intégration progressive au sein de la FNMF.

LE CONVENTIONNEMENT HOSPITALIER SÉCURISÉ DANS L’IMMÉDIAT
Avec la disparition programmée de la MFP se pose toujours la question de la reprise du conventionnement hospitalier porté jusqu’alors par la MFP et baptisé  »règlement fédéral hospitalier » (RFH). À ce stade, la structure devant reprendre le pilotage de ce conventionnement au sein du mouvement mutualiste n’a toujours pas été désignée. Pour autant, l’actuel conventionnement reste sécurisé tant que la MFP continue son existence sur le plan juridique, ce qui devrait laisser théoriquement jusqu’à l’été 2024 aux mutualistes pour régler cette succession. Dans tous les cas, Eric Chenut souligne que l’évolution des dépenses hospitalières nécessitera de toute façon de revoir aussi le contenu de cette convention.