Un sentiment d’absurdité qui prédomine
En se basant sur les témoignages des répondants, le collectif Nos services publics détaille cinq catégories principales de motifs qui engendrent la perte de sens : « Le manque de moyens, un défaut de vision, le sentiment de servir autre chose que l’intérêt général, le poids de la structure et le manque de reconnaissance. »
80 % des répondants déclarent même être confrontés “régulièrement” ou “très fréquemment” à un sentiment d’absurdité dans l’exercice de leur travail. Et la quasi-totalité (97 %) s’est déjà dit au moins une fois dans un cadre professionnel : “C’est absurde” ou “Si cela a un sens, ce n’est pas celui pour lequel je me suis engagé.” A l’instar de cette inspectrice qui déclare que “tenir mentalement dans l’administration relève de l’asile psychiatrique.”
Ce ressenti augmente avec l’âge des répondants. Les enquêtés de moins de 30 ans sont 23 % à déclarer y être confrontés très fréquemment, contre 31% entre 30 et 39 ans, 33% entre 40 et 49 ans et 35 % entre 50 et 59 ans.
Ce sentiment d’absurdité est présent dans tous les secteurs et pour tous les statuts de répondants. Il l’est encore plus chez les agents de catégorie A. 34% d’entre eux vivent cela “très fréquemment”. Ils sont 31 % chez les agents de catégorie B, 27 % au sein de la catégorie C et 21 % chez les contractuels.
Des agents de plus en plus désenchantés
Même si le cumul des difficultés rencontrées conduit à une crise de sens massive, 50 % des répondants déclarent rester au sein du service public pour continuer à servir l’intérêt général. Néanmoins, pour un tiers des agents, ce motif n’est plus suffisant pour rester en poste.
La maladie de l’absurdité au travail a un nom : le brown out.
Après le burn out (surmenage au travail), le bore out (l’ennui au travail), le brown out, syndrome lié à la perte de sens du travail, a fait son apparition. Littéralement “baisse de courant”, les personnes touchées ne donnent plus de sens à leurs tâches et n’ont plus aucune énergie. Le brown out est plus difficile à identifier que le burn out ou le bore out. Pourtant, ce phénomène génère les mêmes effets négatifs. Il peut produire un stress excessif et atteindre la santé.