De plus en plus de médecins et de membres du personnel soignant de l’hôpital relatent une souffrance professionnelle et quittent le navire. Avec la fermeture de lits et la baisse du nombre de soignants, les usagers se retrouvent face à d’importants délais d’attente. Une incompréhension s’installe alors, ne faisant qu’augmenter la souffrance des soignants.

Parmi l’équipe médicale, d’un hôpital des Hauts-de-France une infirmière a vu ses conditions de travail se dégrader depuis son arrivée à l’hôpital. ​ “En 10 ans, j’ai vu considérablement l’état et les conditions de travail se dégrader”. Actuellement, l’hôpital fait face à “une population en détresse”. Chaque jour,« nous avons des personnes qui sont dans l’incapacité de se faire soigner par leur médecin traitant, d’avoir un réel suivi, et quand ils arrivent chez nous, ils espèrent avoir une prise en charge et nous ne sommes pas en mesure de la donner tous les jours ».

“Il y a eu plusieurs arrêts. Il y a des personnes qui arrivent encore à travailler et qui viennent travailler les larmes aux yeux, la boule au ventre et qui expriment réellement une détresse et une difficulté à se rendre au travail chaque jour.” 

 Certains jours, il est possible d’offrir une prise en charge sur mesure. Néanmoins, il y en a “beaucoup trop pour lesquels ce n’est pas possible. On a 10 à 15 heures d’attente et vous imaginez bien que pour des personnes âgées ou des personnes qui sont en détresse psychologique ou physique ou dans la douleur, ce n’est pas entendable”, regrette-t-elle.

 Elle note que “les personnes finissent par pleurer et ça a un impact évidemment sur le personnel soignant qui ne peut pas répondre à sa fonction première : soigner”.

L’infirmière souligne également “énormément” de départs, de volonté de se reconvertir professionnellement ou de partir dans d’autres établissements où ils espèrent “avoir plus de moyens parce qu’actuellement, on n’est pas en capacité d’assurer notre fonction, de prendre les gens en charge en sécurité”.

Cette situation a de véritables conséquences sur la santé morale et physique des soignants qui font plus d’heures : “on prend beaucoup sur nous pour répondre aux besoins de l’hôpital.”

Mais la peur est bien présente, notamment face au nombre important de patients en attente aux urgences qui monte souvent à une trentaine. D’autant plus q​ue “de l’autre côté, on a le même nombre de patients qui est en cours de soin, et on n’a pas assez de personnel, pas assez de locaux pour prendre en charge correctement tout le monde”. L’angoisse que « l’inévitable »ou qu’un « grand malheur » arrive n’est jamais loin.

Pour aller plus loin : France Info