Diam, 37 ans, agent de nettoyage à Paris, est devenu une figure virale sur TikTok après avoir partagé la réalité de son métier dans une vidéo qui a récolté plus de 5 millions de vues en seulement 48 heures. Son objectif était clair : sensibiliser les Parisiens à l’incivilité et aux difficultés de son travail quotidien. Dans une interview, il revient sur les problématiques auxquelles il fait face, sur l’épuisement lié à son métier et sur ce qu’il estime être nécessaire pour améliorer la situation.

Je voulais montrer notre réalité quotidienne »

Fin décembre, Diam a eu l’idée de filmer son quotidien de travail pour dénoncer la saleté et l’incivilité qui gangrènent les rues de Paris.

 “Je voyais tous les jours la saleté dans les rues. Un jour, j’ai demandé à un passant de m’aider à filmer pour passer un message. Je ne m’attendais pas à ce que ça devienne viral”,

raconte-t-il. En quelques heures, sa vidéo est devenue virale et a ouvert une fenêtre sur les conditions de travail des agents de nettoyage.

 “Le plus décourageant, c’est de nettoyer une rue et de la retrouver sale une heure après”,

déplore Diam. Il met en lumière la difficulté quotidienne des agents face à l’incivilité de certains Parisiens.

«On trouve des déchets partout, des cartons abandonnés par les commerçants, des vomissures après les soirées en boîte de nuit.”

Il évoque également un problème récurrent : le manque de respect des règles de tri et de propreté.

 “Il faut toucher les gens là où ils sont, sur les réseaux sociaux”,

plaide-t-il.

 Dans sa lutte contre l’incivilité, Diam expérimente parfois des méthodes étonnantes.

“Une fois, j’ai fait croire aux commerçants qu’il y aurait une amende de 700€ pour les déchets jetés par terre, et pendant une semaine c’était impeccable.”

Une anecdote qui montre, selon lui, l’importance de la sensibilisation.

“La sanction n’est pas la première solution, la sensibilisation doit être prioritaire.”

Au-delà de l’incivilité, Diam évoque les conditions de travail difficiles des agents de nettoyage.

“C’est un métier physiquement très exigeant. Nous travaillons en extérieur par tous les temps, avec des horaires décalés qui commencent souvent très tôt le matin ou finissent tard dans la nuit. ”

 

L’agent de nettoyage doit aussi porter des charges lourdes, ce qui entraîne une fatigue importante et des risques pour la santé à long terme.

La Ville de Paris a bien mis en place certaines mesures pour alléger le travail des agents, comme le remplacement des armatures en acier des poubelles par de l’aluminium, ce qui a réduit leur poids de 16 à 9,6 kilos.

 “il reste encore beaucoup à faire. Le port de charges lourdes, les gestes répétitifs et la circulation dense restent des risques majeurs. Les éboueurs ont un taux d’accidents du travail trois fois plus élevé que la moyenne des agents de la Ville de Paris.Et ce n’est pas tout : On vit entre 7 et 10 ans de moins que la moyenne des ouvriers en France, c’est difficile à encaisser.”

Face à ces conditions de travail difficiles, Diam appelle à une meilleure reconnaissance de la part des employeurs.

 “On a besoin de plus de reconnaissance de la part de nos employeurs. Des équipements plus adaptés, des horaires moins contraignants, et surtout une meilleure prise en compte de la pénibilité de notre métier dans nos conditions de travail et notre retraite.”

Enfin, Diam adresse un message aux habitants de la capitale :

 “Pensez à nous comme nous pensons à vous. Utilisez les poubelles à votre disposition. Quand vous habitez dans une rue propre, vous êtes contents, alors aidez-nous à la garder ainsi.”

Un appel à la responsabilité collective pour que la propreté des rues ne repose pas uniquement sur les épaules de ceux qui les nettoient.

 

En prenant la parole, Diam dévoile les coulisses de son travail d’agent de nettoyage et appelle à plus de respect et de considération pour un métier souvent invisible mais essentiel à la vie quotidienne de tous.