Le témoignage à contre-courant d’un jeune enseignant
Entre contraintes budgétaires et un contexte social tendu, le recrutement au sein de l’Éducation nationale présente des difficultés. Malgré cela, certains nouveaux enseignants demeurent fidèles à leur vocation et ne se laissent pas décourager par les obstacles. Le témoignage d’un jeune enseignant stagiaire au collège de Rivesaltes offre une perspective différente, contrastant avec le sentiment de découragement largement répandu parmi les enseignants de l’Éducation nationale.
Alexandre, récemment lauréat du concours d’enseignant du second degré en français après avoir travaillé un an et demi en tant que contractuel dans les Pyrénées-Orientales, partage son expérience au sein de l’établissement de Rivesaltes. Malgré l’impact émotionnel du tragique attentat d’Arras survenu récemment, qui a coûté la vie à l’enseignant Dominique Bernard, Alexandre reste résolu. « Il faut tenir bon, tenir les valeurs qui sont les nôtres, les valeurs républicaines. Je ne pense pas qu’il faille montrer une peur grandissante. Ça ne m’arrête pas. »
Depuis ses années lycéennes, Alexandre nourrit le désir d’enseigner. Après une licence de lettres, un stage dans une unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A) a été déterminant pour son choix de devenir enseignant.
« Ça a été la révélation, j’ai découvert un établissement de l’intérieur, les échanges en salle des profs, les créations de séquences, ça m’a convaincu. J’ai choisi d’être contractuel l’année suivante. »
Après un entretien rapide avec l’académie de Montpellier, Alexandre est professeur principal d’une classe de quatrième, et enseignant de français auprès de deux autres classes de troisième. Il exerce dans un collège en zone d’éducation prioritaire de Perpignan. « Ça a été très formateur », insiste-t-il. Parallèlement à son enseignement, Alexandre a poursuivi ses études avec un master en lettres modernes et a préparé avec succès le concours d’enseignant du second degré.
« Au collège, j’ai été accompagné, le principal a été très présent. Il est venu une fois dans la classe m’aider à cadrer les élèves. » Idem pour la gestion de classe, qu’il a apprise sur le tas : « Quand on a un comportement difficile d’élève à gérer, on est soutenu. J’ai compris que quand on débarque, c’est important de nouer des relations avec la vie scolaire, les collègues CPE et assistants d’éducation. »
Le jeune enseignant n’a pas éprouvé de difficultés à s’imposer face aux élèves malgré son jeune âge, considérant même cela comme un avantage. « Ça pourrait être un handicap, mais c’est facilitateur au final. Quand vous recevez les parents en tant que professeur principal, il y en a qui sont surpris, et puis ils voient que je suis motivé », sourit-il. Une de ses anciennes collègues confirme : « il était étonnant, et fait pour ça. »
Il insiste sur la nécessité de transmettre et d’apprendre aux enfants, soulignant la beauté et la noblesse de cette mission.
Interrogé sur la situation actuelle de l’Éducation nationale, marquée par des difficultés de recrutement, Alexandre identifie les mutations comme le principal obstacle, « c’est ce qui bloque et peut en décourager certains de s’inscrire au concours. Ils ne savent pas où ils vont tomber. » Lui ne redoute pas son affectation, même s’il reconnaît qu’une mutation loin de Perpignan, sa ville natale, « ça ferait du changement. Mais s’il faut y aller j’irai. »
Bien que le témoignage d’Alexandre ne puisse être généralisé à l’ensemble des contractuels recrutés chaque année pour pallier le manque de titulaires, il met en lumière la nécessité de renforcer les moyens et l’attractivité de la profession pour attirer davantage de candidats aux concours, une préoccupation soutenue par les syndicats.