Un manque de reconnaissance source de frustration

Si les sentiments de fierté et d’utilité sont bien présents chez les agents, le manque de reconnaissance et d’encouragement de leur hiérarchie ainsi que la surcharge de travail constituent pour eux une source majeure d’insatisfaction.

“Nous faisons face à une surcharge de travail écrasante sans reconnaissance pour notre travail. Notre rémunération est également trop faible”, explique un agent des services judiciaires. Un agent de l’administration pénitentiaire déclare quant à lui : “La perte de sens rend nos missions incompréhensibles pour tout le monde, y compris pour nous. L’absence de communication avec la hiérarchie est aussi pesante”. Un de ses collègues ajoute : “Quand un homme se fait insulter et menacer dans l’exercice de ses fonctions et que sa hiérarchie ne fait rien, comment voulez-vous être satisfait de votre travail.”

Des équilibres de vie fragilisés

Selon les métiers, l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle connaît de fortes disparités. La population des magistrats est la plus fragilisée, notamment ceux à la faible ancienneté, exerçant des fonctions managériales ou étant célibataire. Concilier leurs horaires de travail et l’exigence de leur fonction avec leur vie personnelle est difficile. Un sentiment partagé également par le personnel pénitentiaire.

“Je n’ai plus de vie personnelle. Je travaille de 6h à 21h ou 22h tous les jours sans pause déjeuner. Je ne vois pas grandir mon fils et je n’ai plus le moindre loisir” dévoile cette magistrate. Un de ses collègues précise : ”Faire tout en 5 minutes sans approfondir le dossier, voire se contenter de rapport de synthèse pour juger les gens y compris à des peines d’emprisonnement, pour assurer toujours plus de travail dans des conditions matérielles déplorables, est insupportable.” Cet agent de l’administration pénitentiaire révèle quant à lui : “le boulot m’occupe l’esprit en permanence. Il déborde sur ma vie privée, ce qui impacte mon niveau d’épuisement.” Un de ses collègues déclare aussi : “Parfois on me demande de travailler le même jour le matin de 6h45 à 13h et ensuite de revenir à 19h pour travailler la nuit jusqu’à 7h le lendemain.”

Le stress s’impose dans le quotidien de travail

Face à un rythme qui s’accélère dans toutes les professions et qui devient intenable pour beaucoup, le sentiment de stress au travail s’amplifie. Les magistrats et le personnel des services judiciaires évoquent fréquemment la pression liée à la surcharge de travail.

Cet agent de l’administration pénitentiaire résume ainsi son quotidien : “140 détenus à l’étage pour un seul surveillant, voilà le stress !” Et un de ses collègues d’ajouter : “On travaille toujours à flux tendu. Beaucoup de postes ne sont pas couverts et il nous faut continuer d’exercer nos missions difficiles, toujours en sous-effectif et dans une insécurité certaine. Tout ceci génère du stress et une grande fatigue.” Pour ce magistrat, les journées de travail sont aussi éprouvantes : “Le poids des décisions, les violences verbales, la crainte de ne pas réussir à faire face à sa charge de travail et de ne pas avoir assez approfondi, c’est notre stress au quotidien.” Quant à cette directrice de greffe, elle avoue que “chaque jour est pire que le précédent. Je gère chaque jour le manque de personnel. Je deviens un rouage de la maltraitance au travail. Nous en demandons toujours plus et le climat est tendu. Il y a de plus en plus d’arrêts maladie mais malgré tout, nous tenons parce que nous sommes consciencieux. Nous souffrons mais on ne nous entend pas.”

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