Près d’un soignant sur cinq en burn-out après cinq ans : un chiffre alarmant qui illustre la pression inhérente aux métiers de la santé. Rencontre avec Murielle, infirmière à l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (APHP), qui revient sur son expérience douloureuse et sa reconstruction.

Un blocage brutal

Pour Murielle, tout a basculé à l’été 2020, quelques mois après l’intense première vague de Covid-19.

Je suis arrivée un jour au travail et j’ai eu un blocage, impossible de passer la porte. Malgré quinze minutes d’hésitation à essayer de me convaincre, je finis par entrer. Mais l’angoisse monte. »

J’ai croisé un patient, heureux de me voir, qui m’a demandé si j’allais bien. Je l’ai regardé et je me suis mise à pleurer.  »

Ce jour-là, Murielle comprend qu’elle a atteint ses limites. Pourtant, rien ne semblait annoncer un tel effondrement.

 “Je n’ai pas vraiment ressenti de signes avant-coureurs. Je me disais toujours : Tu aimes ton métier, tu aimes tes patients, tu aimes tes collègues, il faut y aller. Jusqu’à ce que mon corps, épuisé, me contraigne à m’arrêter.”

Une accumulation de stress 

 

Pour Murielle, le burn-out n’a pas une cause unique. “C’est une accumulation de plusieurs choses” analyse-t-elle. Parmi les facteurs déclenchants, elle cite le déménagement de son service suite à une restructuration de l’APHP, un bouleversement dans ses habitudes professionnelles.

Puis, la pandémie de Covid-19 est arrivée, imposant de nouvelles responsabilités.  

« J’ai dû travailler dans des services dédiés aux patients Covid. Reprendre des procédures hospitalières que je n’avais pas pratiquées depuis plus de dix ans a été beaucoup plus lourd que je ne le pensais. À cela s’ajoutaient les craintes de mes proches, l’inquiétude constante des patients, et un rythme effréné. À mon retour dans mon service habituel, j’étais à bout.”

“Reprendre confiance, un pas à la fois”

 

Après son arrêt, le retour au travail s’est fait par étapes. Une transition cruciale pour Murielle.

“Cela permet de se réacclimater progressivement. Dans mon service, on est trois à bien se connaître. Quand une de nous a un peu du mal, les deux autres la reboostent et vice versa.”

 

“Malgré mes craintes : si mon stress remonte, comment vais-je prendre du recul ?  J’ai réussi à retrouver un équilibre. J’avais peur de ne pas savoir faire face, mais finalement, j’ai réussi et je continue d’être là ! ”

 

Le témoignage de Murielle met en lumière les réalités souvent invisibles du métier d’infirmier. Alors que les soignants continuent de porter un poids immense, la prévention du burn-out reste une urgence.

“C’est important de parler, de partager, et surtout de reconnaître quand on atteint ses limites. ”

 

Des paroles lourdes de sens dans un secteur où le bien-être des soignants est indissociable de celui des patients.