Le métier de cadre de santé s’est profondément transformé au cours de la dernière décennie. Dans les structures de soins, les schémas d’encadrement évoluent, les missions se multiplient et se diversifient, tandis que les responsabilités s’alourdissent. À ces contraintes s’ajoutent une charge administrative croissante et des sollicitations constantes, sources de perte de repères pour de nombreux professionnels.
Dans un contexte marqué par la recherche d’efficience, il est désormais demandé aux managers de soins d’optimiser les ressources disponibles afin de garantir la meilleure prestation possible pour les patients avec des moyens rationalisés. Une logique gestionnaire qui, en introduisant des considérations économiques au cœur de leur activité quotidienne, éloigne les cadres de santé de leur vocation première de soignant et nourrit un sentiment de perte de sens.
Les cadres de santé expriment un sentiment d’oppression lié à une surcharge de travail et à une pression constante.
“Tout est urgent tout le temps. »
“On met tout sur la table du cadre, pour peu qu’il ait sa porte ouverte, on lui en rajoute, on lui en rajoute […] c’est un puits sans fond. »
“Une charge de travail trop forte sur le plan émotionnel qui se gère avec beaucoup d’angoisse. »
“Un cadre doit être disponible pour son équipe, mais pas à disposition ! »
Les cadres dénoncent une perte d’autonomie dans leur rôle, en raison d’un contrôle administratif omniprésent. Ils se sentent isolés face aux exigences institutionnelles et aux normes imposées :
“On nous demande de surveiller nos effectifs, de rendre des comptes, mais à la fin, on se retrouve seul avec les agents pour pouvoir répondre aux normes .”
“L’administration contrôle tout […] on ne peut plus décider de rien tout seul.”
Les cadres de santé sont confrontés à des attentes sociales élevées et à des conflits relationnels fréquents. Ils ressentent une pression pour répondre à toutes les demandes, souvent au détriment de leur propre bien-être :
“Quand les personnes ne trouvent pas un interlocuteur, hop, c’est le cadre qui va s’y coller ! On a l’impression qu’ils pensent que le cadre va répondre à tout et le faire correctement ! ”
“L’institution clive beaucoup et met beaucoup en compétition les cadres.”
Les cadres expriment un manque de reconnaissance et des conflits de valeurs dans leur travail. Ils ressentent une exigence émotionnelle intense et un besoin de bienveillance qui reste souvent insatisfait :
“Aujourd’hui, on nous demande tout pour avant-hier […] le moindre retard nous est signalé. ”
“On n’est pas surhumain […] Nous aussi on a besoin de bienveillance . ”
La surcharge de travail et les horaires décalés ont un impact direct sur la vie personnelle des cadres, entraînant irritabilité, stress et difficulté à concilier vie professionnelle et privée :
“En tant que cadre on gère des imprévus et des impératifs toute la journée. ”
“Dix heures par jour, ça ne peut pas tenir sur le long terme.”
“Nous en devenons irritables et c’est à la maison qu’ils prennent !”
Pour aller plus loin : CFDT Santé-Socio : Stress et management en santé