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Source : Acteurs Publics

Comment la passion du service public se brise ?

Le documentaire Hors Services, présenté en salle dès le 8 octobre, lève le voile sur la souffrance silencieuse des agents publics mis en tension par la dégradation de leurs conditions de travail, selon Jean Boiron-Lajous. Le cinéaste, fils d’enseignante et entouré de proches évoluant dans la Fonction publique, part d’un constat personnel : « on retrouve chez certains fonctionnaires une sorte de figure héroïque qui les fait aller bien au-delà de leurs limites, au nom de leur engagement pour le service public ».

Dans son propos, il dénonce ce qu’il appelle la « confiscation du temps » : un mécanisme selon lui central dans l’érosion du bien-être au travail. « Cette dépossession de l’usage du temps accentue le mal-être », déclare-t-il, estimant que le malaise ne résulte pas seulement d’une surcharge de travail, mais d’un sentiment d’impuissance face à l’organisation du temps professionnel.

Pour nourrir son film, Boiron-Lajous raconte avoir mené « une bonne quarantaine d’échanges » avec d’anciens fonctionnaires, afin de confirmer ses intuitions. « J’ai vu que les mécanismes de la désillusion et du renoncement se retrouvaient dans plusieurs témoignages », relate-t-il. Les récits, issus d’anciens enseignants, juges, policiers, médecins ou facteurs, convergent vers une rupture éthique face à un désalignement entre idéaux et réalité.

L’un des enjeux soulignés dans Hors Services est la difficulté de parler de la démission, notamment dans les secteurs de la justice et de la santé : « il y a quand même une omerta importante autour de ce sujet », souligne le réalisateur.

Au-delà d’un simple portrait de burnout collectif, le film invite à repenser la confiance accordée aux agents publics : « il faut refaire confiance aux fonctionnaires et leur donner l’occasion de décider de l’usage de leur temps de travail », affirme Boiron-Lajous. Par ce prisme, Hors Services propose non seulement le témoignage de l’effritement d’une vocation, mais aussi un appel à redonner de l’autonomie à ceux qui sont au cœur du service public.